Comptage des oiseaux migrateurs

Ce suivi, pilier de nos actions, est effectué chaque année depuis 1983. Initié par l’association Organbidexka Col Libre, il fut créé quelques années après celui du col d’Organbidexka et de la Redoute de Lindux afin de compléter l’échantillonnage réalisé dans la partie occidentale des Pyrénées. Plus récemment, un site de suivi a été créé au col du Soulor par l’association Oiseaux Cols Libres. A eux quatre, ces sites acquièrent chaque année un jeu de données particulièrement intéressant pour suivre les évolutions du « peuple migrateur ».

Pourquoi se poster ici ?

Situé sur l’une des plus grandes voies de passage d’Europe occidentale, menant au détroit de Gibraltar, le Pays Basque est idéalement situé pour voir défiler les oiseaux migrateurs. Les hauts sommets de la chaîne pyrénéenne et le Golfe de Gascogne forcent le flux migratoire à se concentrer, phénomène particulièrement important dans les vallées les mieux orientées comme celle sur laquelle donne le col de Lizarrieta.

Quand compter ?

Le comptage, effectué en suivant le même protocole scientifique depuis son origine, nécessite une implication exceptionnelle :

 – il est mené durant trois mois (du 15 août au 15 novembre) car cette période est celle où l’intensité du passage est la plus élevée pour les espèces observables depuis ce site. Il faut savoir que toutes les espèces ne migrent pas à la même époque, le Milan noir par exemple, franchit les Pyrénées début août mais ne passe qu’en très petit nombre à Lizarrieta, raison pour laquelle nous ne débutons qu’au début du passage des Cigognes blanches et des Bondrées apivores, deux espèces phares du suivi.

– il est impératif d’être présent 7j/7 puisque le passage n’est pas homogène dans le temps et que certaines journées (parfois même le dimanche !) peuvent voir passer 30 à 40% des effectifs saisonniers d’une espèce !

– il doit être réalisé du lever au coucher du soleil car tous les oiseaux ne migrent pas aux mêmes heures de la journée. Certains attendent les heures les plus chaudes pour utiliser les ascendances thermiques afin de voyager à moindre frais énergétique alors que d’autres préfèrent les heures les plus fraîches ou bien se fichent pas mal de l’heure qu’il est pour migrer. Une part importante des espèces migratrices volent de nuit. Heureusement pour nous, l’essentiel des espèces que nous voyons le jour sont strictement diurnes, ce qui permet un comptage optimal.

– et tout cela quel que soit les conditions météorologiques puisque, même si le passage sera souvent moins abondant par temps de pluie, certaines espèces ne sont pas très regardantes, certains individus à la traîne pourront forcer le passage coûte que coûte, et des phénomènes encore incompris entraînent parfois des passages massifs par temps apparemment défavorable.

Les vols de cormorans peuvent passer dès le lever du soleil

Pourquoi compter ?

L’intérêt scientifique de ce type de suivi n’est plus à démontrer. Les quantités d’oiseaux recensées sont telles que la comparaison des effectifs année après année constitue un indice fiable des dynamiques démographiques des espèces, faisant de ces comptages de véritables « sentinelles » à très large échelle. Ainsi, la forte recrudescence du nombre de Cigognes blanches ou de Balbuzards pêcheurs observés en migration est parfaitement corrélée à l’augmentation du nombre de couples nicheurs de ces espèces en Europe. Cette information est encore plus fondamentale pour des espèces largement répandues mais aux mœurs de nidification plus discrètes comme la Bondrée apivore, l’Épervier d’Europe ou le Faucon hobereau.

De même, la chute brutale du nombre de Milans royaux constatée sur les sites du Pays Basque au début des années 2000 a conduit à l’élaboration d’un plan national de restauration de l’espèce. Enfin, l’intérêt de ces suivis concernant la compréhension et la mesure des impacts que représentent les dérèglements climatiques sur les oiseaux migrateurs est aujourd’hui sérieusement reconnu, en particulier concernant le décalage de la date moyenne de passage des migrateurs transsahariens (Filippi-Codaccioni et al. 2010).

FILIPPI-CODACCIONI O, MOUSSUS J-P, URCUN J-P, JIGUET F, 2010. Advanced departure dates in long-distance migratory raptors. Journal of Ornithology, Springer Verlag, 151 (3).

Le Milan royal est le rapace migrateur le plus abondant à Lizarrieta

Le site de comptage de Lizarrieta fait partie intégrante de l’Observatoire Régional de la Migration des Oiseaux (ORMO) et est intégré au premier Atlas des Oiseaux Migrateurs de France.

Quelques effectifs saisonniers moyens (2018 – 2023) :

Rapaces :

   Milan royal : 4 669

   Bondrée apivore : 3 862

   Epervier d’Europe : 1 097

   Busard des roseaux : 645

   Faucon crécerelle : 453

   Faucon hobereau : 239

   Buse variable : 214

   Balbuzard pêcheur : 206

   Circaète Jean-le-Blanc : 141

   Busard Saint-Martin : 132

   Faucon émerillon : 108

   Busard cendré : 68

   Aigle botté : 60

Autres :

   Pigeon ramier : 359 943

   Grue cendrée : 29 920

   Alouette des champs : 19 260

   Pigeon colombin : 7 893

   Cigogne blanche : 7 013

   Grand cormoran : 4 721

   Bergeronnette printanière : 3 989

   Vanneau huppé : 2 343

   Goélands indéterminés : 1 432

   Héron cendré : 438

   Spatule blanche : 166

   Cigogne noire : 164

   Oie cendrée : 128