Le projet "Txolom"

 Le Pigeon colombin (Columba œnas), qui se cache derrière le mot basque « Txolom » (prononcer « Tcholom »), est une espèce relativement méconnue car assez peu abondante et plutôt discrète.

Le Muséum National d’Histoire Naturel (MNHN) constate que ses populations nordiques, migratrices, « semblent affectées d’un déclin parfois prononcé ». À Lizarrieta, cet oiseau représente moins de 0,6 % des pigeons comptés depuis le début du suivi, avec des effectifs saisonniers de quelques milliers d’individus. Le MNHN rappelle que cela n’a pas toujours été le cas, loin s’en faut, puisque « les populations européennes semblent avoir considérablement régressé depuis le XIXe siècle, époque à laquelle ses effectifs étaient bien souvent supérieurs à ceux du Pigeon ramier. Les effectifs migrateurs transpyrénéens auraient été divisés par un facteur cent en l’espace de deux siècles ».

Un état de fait qui s’explique notamment par les exigences écologiques de l’espèce, nichant exclusivement dans les cavités des vieux arbres. A ce sujet le Muséum souligne que « certaines pratiques sylvicoles (remplacement de futaies feuillues par des plantations résineuses, abattage de gros arbres creux […]), l’arrachage de haies arborées et la disparition des arbres têtards ont sans aucun doute une grande part de responsabilité dans la chute passée des effectifs. »

Etant donné sa relative rareté, le Pigeon colombin forme des groupes bien plus modestes que le Pigeon ramier

Tous ces éléments en font une espèce particulièrement importante à étudier et à protéger, raison pour laquelle nous avons initié ce projet.

Le projet

Figurant parmi les pistes de recherche préconisées par le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’idée de ce projet est simple : collaborer avec les pratiquants de la chasse au filet traditionnelle (pantière), qui se pratique à moins de 800 mètres du spot à vol de Pigeon colombin, pour initier un programme de baguage sans précédent concernant cette population migratrice (1).

Parmi les quelques centaines de pigeons qui sont attrapés chaque saison par cette pantière, une part non négligeable concerne des pigeons colombins (jusqu’à plusieurs centaines les meilleures années). Les oiseaux étant capturés vivants, l’idée est de remplacer leur mise à mort par le baguage des individus et leur relâcher en deuxième partie de journée lorsque la chasse au fusil est terminée. Ce programme de baguage atypique constitue un moyen de faire progresser notre connaissance de l’espèce en général, mais est surtout l’un des rares moyens de mieux connaitre sa population transpyrénéenne.

Afin que cette action ne soit pas préjudiciable à l’équilibre économique précaire des filetiers, l’association leur fait chaque année un don proportionnel au nombre d’individus relâchés (2).

Ce programme a débuté en 2019, grâce à l’aide précieuse de Michel Leconte, bagueur agréé, et à l’aval de la société des Ciencias Aranzadi (Navarre). Depuis ses débuts ce sont plus de 350 pigeons colombins qui ont été bagués et qui ont pu continuer leur route vers leurs quartiers d’hiver.

A terme, la pose de balises géolocalisées sur quelques pigeons serait la solution idéale pour acquérir des informations d’une bien plus grande valeur scientifique. Mais le coût d’une telle opération ne nous permet pas de l’envisager à court terme.

Prise de mesures sur un Pigeon colombin
Baguage d'un Pigeon colombin

 

 (1) En France un programme de baguage sur les oiseaux nichant dans notre pays (donc sédentaires ou petits migrateurs) existe déjà.
 

(2) Ces oiseaux sont habituellement vendus à des restaurateurs ou comme « appelants » à d’autres chasseurs.